Le Singe de l’autre. Du sauvage américain à l’histoire comparée des religions (Bibliothèque de Genève, éd. des Cendres) : c’est sous ce titre qu’est paru un écrit qui pose les jalons d’une vaste réflexion sur l’altérité et la construction de l’identité, signé par l’historienne de l’art Sara Petrella et l’historien des religions Philippe Borgeaud. A l’heure où certains s’éprennent de fanatisme violent au nom d’une religion, ce livre richement illustré nous rappelle combien les sociétés se ressemblent dans leur rapport au divin. Un voyage dans le temps pour mieux saisir notre présent.
A partir d’une enquête sur deux ouvrages du début du 18e siècle, Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde de Jean-Frédéric Bernard et du graveur Bernard Picart et Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps du Père jésuite Joseph François Lafitau, Le Singe de l’autre montre qu’à cette époque les représentations du sauvage et des peuples « exotiques » s’humanisent. L’Autre devient alors la clé de voûte d’un système comparatiste. Ce phénomène annonce la naissance de l’anthropologie et de l’histoire des religions, et nous conduit vers la philosophie des Lumières et la pensée de Rousseau.
Dans le cadre de l’exposition du Musée International de la Réforme (MIR), Figures insolites du 18e (à voir jusqu’au 19 août) et à l’occasion de l’anniversaire de Jean-Jacques Rousseau (306 ans!), le MIR et la MRL s’associent pour vous convier à une table ronde sur cette période qui mène à la tolérance. En ouverture de la soirée, vous pourrez vous-mêmes reproduire des gravures de Bernard Picart sur une presse inspirée de Gutenberg, installée au MIR.
Avec
Philippe Borgeaud, historien des religions
Sara Petrella, historienne de l’art
Martin Rueff, Professeur de lettres, spécialiste du 18e siècle
Paola von Wyss Giacosa, ethnologue et historienne de l’art