Grandir quand on est un enfant clandestin
Date
Mardi 28 septembre 2021
Avec
Vincenzo Todisco, François Ansermet
Modération
Lydia Gabor
Vincenzo Todisco signe L’enfant lézard, un roman sur un enfant de saisonniers italiens établis en Suisse. Sur fond historique, ce livre puissant pousse à l’extrême les effets de la clandestinité sur la construction de l’identité. Pour en parler, son auteur rencontre le pédopsychiatre François Ansermet.
Le jeune protagoniste de ce roman n’a pas de nom. Il vit caché dans l’appartement de ses parents, dont les rêves s’effritent à mesure que leurs corps s’usent au travail. Au moindre bruit, l’enfant se précipite dans la chambre du fond ou se faufile sous le buffet. Il finit pourtant par s’échapper furtivement, le temps de visiter les logements voisins. L’immeuble décati devient alors une galerie de portraits hauts en couleurs. Les années passent ainsi dans le silence et la peur, et lentement l’enfant se transforme en reptile. Les mots sont faibles pour décrire l’émotion que suscite L’enfant lézard (Prix du public RTS 2021). Vincenzo Todisco aborde la condition des saisonniers en Suisse (le statut a été aboli en 2002), le regroupement familial interdit, les « enfants du placard », le drame des immigrés partagés entre le pays d’accueil et la terre d’origine, le rapport de force entre les classes sociales. Mais à partir de cet ancrage dans le réel, il nous emmène dans une fable vibrante loin de tout jugement. Sur le mode d’un roman d’apprentissage, L’enfant lézard exprime magnifiquement la fragilité de la vie et le besoin de l’autre pour se construire.
Vincenzo Todisco
Vincenzo Todisco est né en 1964 en Suisse alémanique, de parents ouvriers italiens. Il n’a toutefois pas connu la clandestinité. Auteur d’une dizaine de romans, il écrit en italien. L’enfant lézard est son premier livre rédigé en allemand. C’est aussi la première fois qu’il est traduit en français, grâce aux éditions Zoé (traduction de Benjamin Pécoud). Vincenzo Todisco a étudié la littérature italienne et française. Il vit et enseigne aujourd’hui dans les Grisons.
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Photos: Olivier Vogelsang